Algérie
Bouteflika réélu avec 90,24% des voix
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a obtenu
comme prévu un troisième mandat de cinq ans, avec 90,24% des suffrages
exprimés, a annoncé vendredi le ministre de l'Intérieur Noureddine Yazid
Zerhouni. Le taux de participation s'est élevé à 74,54% malgré les appels au
boycott de l'opposition et des islamistes.
M. Bouteflika a salué "le sens civique du
peuple algérien" et la "confiance précieuse" qu'il lui a
témoignée. "Il s'agit véritablement d'une leçon éloquente de la
démocratie", a-t-il déclaré à la radio d'Etat. Les résultats
"expriment sincèrement l'attachement des Algériens à leur patrie et leur
volonté libre de choisir leur président", a-t-il ajouté.
Le président français Nicolas Sarkozy a adressé ses
"chaleureuses et amicales félicitations" à M. Bouteflika et s'est dit
"attaché à la construction d'un partenariat d'exception entre la France
Le ministre de l'Intérieur a affirmé que le scrutin
avait été marqué par six attentats et qu'un policier avait été tué dans l'une
des attaques. Aucun autre détail n'a été diffusé dans l'immédiat sur ces actes
commis, selon M. Zerhouni, par des terroristes. Les jours précédant le vote,
quatre attentats et attaques ont tué cinq membres des forces de sécurité, selon
les autorités locales.
Quelque 20,6 millions d'Algériens étaient appelés
aux urnes jeudi. En 2004, Abdelaziz Bouteflika avait été réélu avec 83,49% des
voix et une participation nationale de 57,38%. En 1999, il avait obtenu 73% des
suffrages. Le président âgé aujourd'hui de 72 ans, et qui a connu de souffert
de graves problèmes de santé ces dernières années, a fait modifier la Constitution
M. Bouteflika a axé sa campagne électorale sur la
promesse de poursuivre sa politique de réconciliation et de reconstruction. De
nombreux Algériens lui sont reconnaissants d'avoir largement pacifié le pays
après la décennie sanglante de l'insurrection islamiste, déclenchée par
l'annulation du scrutin de 1992 en passe d'être remporté par le Front islamique
du salut (FIS, aujourd'hui dissous). Officiellement candidat indépendant à sa
propre succession, il était soutenu par le gouvernement ainsi que les
organisations syndicales et patronales.
Ses cinq adversaires en lice ne possédaient
quasiment aucune chance de le battre, malgré leurs appels à plus de démocratie
et un meilleur partage des recettes du pétrole et du gaz. M. Bouteflika a pour
sa part promis de créer trois millions d'emplois grâce à un vaste programme
d'investissement et laissé entendre qu'il était disposé à amnistier les
islamistes qui renonceraient à la violence, comme cela a été le cas avec la loi
sur la concorde civile et sur la paix de 1999.
Si Alger a affirmé que le vote s'était déroulé dans
de bonnes conditions jeudi, Jelloul Joudi, chef de campagne de la candidate du
parti trotskiste Louisa Hanoune, arrivée deuxième avec 4,22% des voix, a
dénoncé "beaucoup de fraude".
Le Front des forces socialistes (FFS) qui avait
boycotté le scrutin, a dénoncé vendredi "une fraude massive, généralisée
et à ciel ouvert", "une nouvelle imposture autoritaire".
Se fondant sur des informations recueillies par les
militants et les élus du parti, les amis des syndicats et des associations
autonomes et "recoupés par les chiffres de sources amies" non
précisées, le FFS estime dans son communiqué que le taux réel de participation
à la présidentielle n'a pas dépassé les 18%. Le Rassemblement pour la culture
et la démocratie (RCD, de gauche et ayant boycotté aussi), affirme également
que le taux réel de participation est largement inférieur aux chiffres
officiels.